Reine de l’internet des années 2000, la newsletter a tout connu : une ascension fulgurante puis une chute vertigineuse. Mais voici qu’elle fait son retour en grâce…
Les Français s’échangent chaque jour 1,4 milliards de mails. Parmi cette littérature numérique, une catégorie singulière : les newsletters, ou infolettres. Ces courriers numériques ont vu le jour avec l’internet mondial, puis sont devenus au début des années 2000 le canal d’auto-promotion préféré des marques et des entreprises, avant de tomber en désuétude.L’émergence des réseaux sociaux a signé la fin de la première génération des newsletters. Mais voici que, après plusieurs années de traversée du désert, l’emailing désuet revient en grâce à la faveur de nouveaux formats. Par contraste avec le monde des réseaux sociaux surdéterminé par les algorithmes, la newsletter permet en effet d’établir un lien direct – presque intime – entre le lecteur et l’émetteur. Ce format est aussi parfaitement adapté à une lecture sur smartphone.
Un come-back notamment porté par la presse
Deux ingrédients sont cependant nécessaires à la réussite d’une newsletter 2.0. D’abord, une ligne éditoriale claire, répondant à un besoin précis d’information. Ensuite, une « incarnation », en tout cas un lien affinitaire perceptible entre le lecteur et le rédacteur. Les grands titres de presse vont rapidement s’inscrire dans cette dynamique. En 2018, Libération lance Chez Pol, une newsletter dédiée à l’actualité politique. Cette infolettre présente uneinformation concrète qui dévoile les coulisses des arcanes du pouvoir. Chez Pol gravite autour de ses semblables, les désormais célèbres briefing Contexte ou encore les Playbook de Politico. Délivrant une information précise, en temps-réel et parfois confidentielle, ces newsletters ont su répondre à une attente, tout en portant une ligne éditoriale singulière. Elles sont devenues en quelques années une référence de l’information, un véritable rendez-vousquotidien attendu par le lecteur dans sa boite mail.
La newsletter comme média
Des médias nouveaux se sont même, eux, lancés par ce canal. C’est le défi qui a été relevé en 2014 par Laurent Mauriac, fondateur de Brief.me, une newsletter hebdomadaire qui offre un tour d’horizon éditorialisé de l’actualité en sept minutes. Ce projet a réuni en dix ans plus de15 000 abonnés.
Des journalistes trouvent aussi dans ce format le moyen de créer et informer une audience, sans reposer sur un média établi. Hubert Vialatte, journaliste indépendant et correspondant des Echos à Montpellier a créé en 2019 la newsletter Les Indiscrétions, qui revient chaque semaine sur les actualités économiques d’Occitanie. Plus de 5 000 décideurs reçoivent cette infolettre, qui attire désormais les annonceurs et qui s’est structurée autour d’une équipe. La neswletter n’est plus ringarde, elle devient inspirante…
Hugo Bednarski et Luca Pozzo
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ENCART
Des newsletters aux audiences qualifiées
L’Albigeois Nathanaël Suaud a fondé sa newsletter In:Tarn en 2023. Depuis, il informe chaque mois ses 150 lecteurs sur la vie politique du Tarn. Entre informations glanées dans les conseils municipaux du département et suivi de l’activité des parlementaires tarnais, In:Tarnmet à l’honneur la vie publique locale.