Le métier de conseil (en communication) va indubitablement connaitre une révolutionmajeure et rapide en augmentant la capacité à produire plus et mieux grâce à l’IA et en faisant de la relation humaine, plus que jamais, le cœur irremplaçable de notre métier.
L’intelligence artificielle menace les métiers dits à « col blanc », et parmi eux les professions du conseil. S’emparer d’une technologie est, bien entendu, la meilleure manière de ne pas la subir.
Il est vrai que cette « révolution » là est vertigineuse par l’ampleur de ses impacts, mais surtout par son extrême rapidité à se déployer. Si les précédentes grandes ruptures avaient mis une, deux voire trois générations à se diffuser, celle de l’IA se déroulera sans doute, à en juger par ses progrès presque quotidiens, sur quelques années. D’où la nécessité de la domestiquer très vite pour, justement, saisir toutes les opportunités d’innovation. Les métiers de conseil, et le nôtre en particulier, n’échapperont pas à ce phénomène et ils vont être transformés.
Un conseiller augmenté
Dans le métier de conseil en communication, les résultats de l’intelligence artificielle en matière de recherche, veille et production rédactionnelle, même encore imparfaits, sont d’ores et déjà d’un niveau impressionnant. Ils permettent d’obtenir de premières bases utiles pour accélérer la production de livrables que nos clients exigent souvent – compte-tenu de leurs besoins professionnels – dans des délais de plus en plus contraints. L’intelligence artificiellepermettra assurément de diminuer le temps consacré aux premières tâches à faible valeurajoutée. Et ainsi de produire plus d’éléments à forte valeur ajoutée au service du client.
La production de ces livrables ne sera toutefois vraisemblablement jamais totalement autonome. En somme, l’intelligence artificielle est avant tout une opportunité pour le consultant de se focaliser sur ce qui fait la richesse de sa profession : la capacité à apporter unconseil stratégique unique et la mise à disposition de son expérience et de sa capacitérelationnelle. Trois piliers du métier qui sont – est-ce un hasard ? – les moins susceptibles d’être un jour remplacés par une IA.
Dans une époque du tout digital, la dimension humaine – et donc empathique – de la communication a parfois pu être négligée ; elle sera plus que jamais primordiale. Les années d’expériences concrètes, la variété des missions effectuées et le vécu du consultant, la capacité d’écoute, la compréhension des non-dits sont autant de richesses inestimables qui ne pourront jamais être imitées et remplacées par une intelligence artificielle, aussi sophistiquée soit-elle.
Notre métier, au moins aussi empirique que théorique – même s’il exige bien entendu un indispensable et solide socle de connaissances – ne saurait donc souffrir d’une substitution par un simple traitement de données par un super-ordinateur. La connaissance intime, pour ne pas dire charnelle, d’un secteur, de cercles politiques, médiatiques et institutionnels, un dialogue quotidien nourri sans langue de bois, l’intelligence de la situation, les paramètres humains : voilà ce que le conseiller apporte de plus précieux à son client. Et ce bien au-delà des productions écrites dédiées à chaque mission.
Le conseil pur et le relationnel doivent redevenir nos boussoles au-delà de la multiplication des productions écrites et analytiques. La capacité de s’adapter, d’inspirer confiance, de susciter la confidence, d’oser la contradiction, de créer de l’originalité et de susciter le désir sont plus encore essentiels dans la relation du conseiller au conseillé. Un défi déjà identifié par Georges Bernanos dans son essai de 1946, « La France contre les robots », dans lequel il prophétisait, « Le danger n’est pas dans la multiplication des machines, mais dans le nombre sans cesse croissant d’hommes habitués à ne désirer que ce que les machines peuvent donner».