Changement (s)…
Le mot « changement » recouvre bien des acceptions. Certains sont soudains et spectaculaires : le début de la guerre en Ukraine fut ainsi l’un de ces moments où, comme l’explique dans l’interview qu’il nous a accordée l’historien et essayiste Nicolas Baverez, « l’Histoire accélère et le monde bascule ». D’autres changements sont beaucoup plusprogressifs mais, même si leurs conséquences ne sont pas immédiatement visibles (et fortheureusement bien moins dramatiques), ils sont loin d’être négligeables. De l’émergence des media digitaux pure players en régions au filmage des procès pénaux en passant par la radicalisation des opposants aux grands projets d’infrastructure ou encore, plus anecdotique,l’impact de TikTok sur les concerts des stars, nous en abordons, dans les pages qui suivent, un nombre en fait impressionnant.
Qu’ils soient géopolitiques, économiques, technologiques ou sociétaux, ces changements ont en tout cas un point commun : facteurs, pour chacune de nos organisations, de risques et d’opportunités nouveaux, ils nous obligent … à changer nous aussi. Dans le cadre instable où opèrent désormais nos organisations, une bonne communication interne est ainsi, à l’évidence, différente de ce qu’elle pouvait être il y a seulement deux ou trois ans : il s’agit désormais d’expliquer, de rassurer et de donner des perspectives sans promettre ce qu’on sait qu’on ne pourra pas forcément tenir.
La communication financière et transactionnelle est elle aussi impactée par cette incertitude ainsi que par l’une de ses conséquences majeures : le retour, après tant d’années d’argent gratuit, de taux d’intérêts positifs. Enfin, les bonnes recettes des relations avec les partiesprenantes évoluent à la vitesse de la digitalisation du débat public et des médias (évoquée en particulier par nos Grands Témoins de l’année, Pierre Louette et Nicolas Barré) et de la montée en puissance des activistes.
Nul ne peut dire si ce monde nouveau où nous entrons si vite sera pire ou meilleur que celui que nous connaissions : il sera simplement différent. Mais deux choses sont certaines. Premièrement, aucun d’entre nous n’a d’autre choix que de l’accueillir avec toute l’adaptabilité et la créativité dont il est capable – ce sont nos meilleures armes ! Deuxièmement : l’adaptation sera paradoxalement beaucoup plus facile pour les organisations qui savent précisément qui elles sont et où elles veulent aller que pour celles dont le plan de marche est brouillon. Dans la tempête, infléchir avec agilité le cap qu’on s’est fixé de longue date est plus indiqué que de chercher son chemin sous la contrainte.
Arnaud Dupui-Castérès et Philippe Manière